Je ne dicte pas une juste façon de se mouvoir mais m’applique à instaurer dans mon cours les conditions favorables à une forme d’auto-apprentissage par le sens kinesthésique, ce sixième sens qui nous permet, même les yeux fermés, de repérer notre position dans l’espace et de sentir la position des différentes parties de nous-mêmes les unes par rapport aux autres.
Je conduis les participants à prendre conscience de leur schémas de mouvements neuro-musculaires habituels, c’est à dire de la façon spontanée qu’ils ont d’organiser leur mouvement, première étape du processus d’auto-apprentissage. L’occasion de découvrir par eux-même, pour s’en émanciper efficacement, celles de leurs habitudes qui en se répétant finissent par engendrer et entretenir des tensions musculaires, de l’inconfort voire des douleurs chroniques.
J’invite ensuite mes élèves à explorer de multiples variations découlant du mouvement de départ. Ce voyage à travers le champs des possibles permet à chacun d’élargir son répertoire de mouvements disponibles et de cultiver sa faculté de choix et d’adaptation. L’attention, intensément sollicitée, repère quand est-ce que le mouvement est le plus facile, fluide, confortable. En général il l’est lorsque l’effort musculaire est le plus proportionnellement distribué à travers le squelette. D’un point de vue strictement biomécanique, c’est vers cette distribution harmonieuse qu’invite à progresser la prise de conscience par le mouvement. D’un point de vue plus philosophique, c’est vers une présence à soi renouvelée que conduit la prise de conscience par le mouvement, pour une plus grande faculté d’adaptation à ses possibilités et à son environnement et une plus grande liberté d’action. « Si vous ne savez pas ce que vous faîtes, vous ne pourrez pas faire ce que vous voulez » Moshé Feldenkrais